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nicolas schneider

Instant de paysages – Mass / Meuse – 2003
est constituer de deux épais panneaux en bois couverts d’une surface synthétique blanche et lisse.

Ils sont rectangulaires, élancés, juxtaposés en appuis au sol et au mur. Conçue spécifiquement pour cette exposition, l’œuvre vaut par ses formes épurées contrastant avec l’architecture décatie, maculée, distordue, de la petite église. Lui répondent les deux fines constructions horizontales d’acier sombre de « sculptures [dérives 1 et 2] – 2003 dont les lignes rigoureuses révèlent, dans l’église, le jeu irrégulier du dallage de pierre et les lacunes de certains vitraux. Relevant d’une esthétique minimaliste, ces deux œuvres, pourtant de grandes dimensions et contrastant considérablement avec le contexte visuel de l’église, frôlent l’invisibilité.

Elles incarnent une conception de l’œuvre d’art selon laquelle la proposition matérielle n’est pas un aboutissement, une fin en soi, mais bien plutôt le signalement ponctuel, le balisage, d’une démarche artistique qui l’excède forcément. Cependant, paradoxalement, les œuvres de Nicolas Schneider sont bien loin d’être évidentes et communicatrices. Et si elles attestent de la présence d’une démarche artistique, elles en signalent aussi la riche complexité. Extrêmement discrètes, elles requièrent une vigilance aiguë de la part du spectateur. Une fois repérées dans le contexte de l’exposition, elles continuent de lui opposer le vertige de leur << presque rien>>, de leur quasi – invisibilité.  Plus encore, le laborieux relevé de telle irrégularité dans une brillance ou de telle nuance d’une blancheur, s’il constitue un salutaire exercice du regard, n’en reste pas moins faiblement instructif quand à la démarche de l’artiste. L’artiste qui, pourtant, ne prend pas à son compte le << what you see is what you get>> de Frank Stella et des minimalistes historiques. Les traces qui altèrent la régularité clinique des verres organiques blancs ou transparents sont plus que des jeux formels et des défis adressés au regard. Elles désignent sans les ouvrir des accès aux aspects immatériels et à une poétique, de la démarche de l’artiste. Ainsi, comme toutes les << évaporations >> de Nicolas Schneider, Instant de paysage – Mass / Meuse – 2003, est  à la fois une sorte de tableau, une réflexion sur la peinture, et ce qui reste au terme du processus imaginé par l’artiste : construction d’une surface révélatrice, prélèvement d’eau ( Gange, Jourdain, Mer du Nord, Seille, telle mare, telle flaque, Meuse…), versement de l’eau sur la matrice, attente de l’évaporation. Comme toute pratique picturale, le processus des << évaporations >> implique, certes, le recouvrement d’un support. Mais il y décèle particulièrement l’acceptation de l’aléa et évoque un artiste à la fois au-delà et en –deçà de la peinture.

L’un des deux panneaux d’instant de paysage – Mass / Meuse – 2003, porte les traces de l’évaporation d’une eau prélevée à la source du fleuve ; l’autre celle de l’évaporation d’une eau prélevée à son embouchure. Ainsi, peut-on rêver de l’œuvre comme condensé de son objet et du rassemblement du diptyque lors de sa présentation à Ville-devant-Belrain comme d’un marquage  de l’équidistance entre les deux extrémités de la Meuse.